Les Orateurs et l'opinion publique chez les Athéniens [French]

" Il suffit de parcourir l'histoire de la litt rature grecque pour tre frapp de la place qu'y tient l' loquence. C'est Ath nes surtout qu'elle se d veloppe, apr s les guerres m diques. Ath nes, ce moment, est au comble de la puissance: plac e par sa victoire sur les Perses la t te d'une vaste conf d ration destin e pr venir une nouvelle invasion barbare, ma tresse de la mer, par ses vaisseaux, forte au dedans, riche, aimant les f tes, o la religion d ploie sa magnificence, imposant tous les Grecs l'ascendant de son g nie, suivant la belle expression de Thucydide, v ritable cole de l'Hellade, elle offre ce spectacle, assez rare dans l'histoire, d'un peuple vraiment digne de sa haute fortune par la fa on dont il la tourne au profit g n ral de la civilisation. On sait de quel clat y brillent alors les lettres et les arts. Pour ne parler que des lettres, le th tre y produit les chefs-d'oeuvre qu'on conna t. L' loquence, de son c t , y fait de rapides progr s: par l'assembl e du peuple, o elle r gne souverainement; par les tribunaux, o chaque citoyen a le droit, non seulement de poursuivre lui-m me la vengeance de ses propres injures, mais de d noncer toute infraction aux lois, o les accus s ne sont point autoris s confier d'autres le soin de leur d fense; par le go t de plus en plus vif pour les discours d'apparat, qui prennent, l'occasion, le ton d'une sorte de pr dication patriotique et morale, elle grandit chaque jour en habilet et en cr dit; et ce n'est pas exag rer de voir en elle, au IVe si cle avant notre re, la forme par excellence de la litt rature en prose..."