Ce que le r cit de messire Olivier pouvait avoir de fantastique dans la forme disparaissait devant la r alit du fond. Il faisait cho aux terreurs de chaque jour. Le temps et le lien se r unissaient pour augmenter l'impression produite: le temps, c' tait l'heure pr sente; le lieu, c' tait le pays m me. N'avait-on pas vu tout l'heure, dans la plaine, la banni re redout e du comte Otto flotter au vent, flamboyer au soleil ? Une autre cause d' motion, et ce n' tait pas la moindre, devait tre attribu e au conteur lui-m me. Personne ne savait au juste, nous l'avons dit d j , ce qu' tait messire Olivier. Beaucoup s'occupaient pourtant du myst re de sa vie. Pendant qu'il poursuivait ce r cit, dont la bizarre po sie faisait peur et plaisir la fois, tous les regards taient fix s sur lui. Avant l'arriv e des valets porteurs de flambeaux, et tandis que l'ombre allait s' paississant dans le salon, chacun lui faisait un visage sa guise. Transfigur ainsi par l'imagination de ses auditeurs, Olivier, dont la voix sonore vibrait dans la nuit, prenait des formes et surtout des proportions presque surnaturelles...